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Europe de la défense : Emmanuel Macron attend de nouvelles propositions

Le monde

 

 

Il a déjà remis une note d’étape à Emmanuel Macron, son rapport sera bouclé à la fin de l’année. Missionné par le président sur le sujet piégé de l’Europe de la défense, l’ancien secrétaire général pour la défense et la sécurité nationale, Louis Gautier (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), suggère des décisions fortes. Sa mission s’achèvera en février 2019 après des consultations diplomatiques pour tester les idées retenues par l’Elysée. « En parlant d’armée européenne, Emmanuel Macron permet d’incarner le projet pour nos concitoyens, de secouer la technostructure, de pousser à la clarification des choix, car le moment de vérité arrive pour les Européens », indique-t-il.

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Tout l’inverse des petits pas symbolisés par « l’initiative européenne d’intervention » avancée par le même Macron en septembre 2017, un concept dit « pragmatique » d’échange stratégique – hors des cadres formels dédiés de l’Union européenne –, sur lequel la ministre des armées, Florence Parly, travaille. M. Gautier considère ce projet comme un pis-aller à court terme, le résultat tangible minimum dans la période de crise politique que connaît l’Europe.

« Beaucoup sont déçus par les résultats opérationnels de la défense européenne dans les administrations, aux affaires étrangères comme à la défense. Ils pensent que le militaire restera toujours du ressort national ou de l’OTAN, et que l’Europe ne servira qu’à financer les équipements, note-t-il. C’est un non-sens, il ne peut y avoir de politique européenne de l’armement sans orientations militaires. »

« Sortir par le haut »

Isolé face à des partenaires tétanisés par Donald Trump dans l’OTAN, et essuyant des critiques en Allemagne sur le mauvais tempo de ses annonces, Emmanuel Macron voudrait « sortir par le haut » de l’ornière actuelle, assure M. Gautier.

L’OTAN, affirme cet expert, est « historiquement dépassée » au sens où les attaques de la Russie restent délibérément sous le niveau qui déclencherait une riposte militaire, mais l’Alliance est « politiquement indépassable ». Selon lui, l’Europe de la défense doit donc s’entendre comme l’Europe de la sécurité : « Cela inclut la sécurisation des frontières de l’UE, et la prise en compte des nouvelles dimensions de la conflictualité, le cyber ou les risques de déstabilisation. » Son objet « doit être prioritairement de gérer des crises et de penser des opérations civilo-militaires dans l’environnement proche, les Balkans et la Méditerranée ».