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Washington sous le choc après la démission du secrétaire à la défense James Mattis

Le Monde

 

 

Le retrait de Syrie aura été la décision de trop. Désavoué alors qu’il plaidait en faveur du maintien de cette force de stabilisation déployée dans le nord-est du pays pour lutter contre l’organisation Etat islamique (EI), le secrétaire à la défense des Etats-Unis, James Mattis, a jugé, jeudi 20 décembre, qu’il n’était plus en mesure de travailler aux côtés de Donald Trump.

La lettre de sa démission, qui prendra effet en février, le temps qu’un successeur soit nommé et confirmé par le Sénat, le dit sans ambages. « Parce que vous avez le droit d’avoir un secrétaire à la défense dont les vues sont mieux alignées sur les vôtres (…) je pense que me retirer est la bonne chose à faire », assure l’ancien général des marines. Il conclut sa missive en assurant avoir « apprécié d’avoir pu servir la nation » ainsi que « nos hommes et femmes sous l’uniforme ». Sans un mot de remerciement pour le président.

Donald Trump avait annoncé ce départ, après bien d’autres, sur son compte Twitter en fin d’après-midi, en rendant hommage à l’ancien militaire dont le sort était en suspens depuis des mois compte tenu d’une addition de contentieux avec le président. Ce dernier avait signalé qu’il était prêt à se séparer de lui en octobre, au cours d’un entretien à la chaîne CBS. « Je pense qu’il est une sorte de démocrate, si vous voulez la vérité », avait perfidement glissé le locataire de la Maison Blanche.

Le marine avait pourtant été poussé à la retraite par l’administration de Barack Obama qui le trouvait trop agressif vis-à-vis de l’Iran. Il occupait alors les fonctions de responsable du commandement militaire régional chargé du Proche-Orient.

Autre vexation : Donald Trump n’avait pas retenu au début du mois son candidat pour le poste de chef d’état-major.

Dépourvu de la moindre expérience en matière de défense et de diplomatie, le président s’était tourné après son élection vers les militaires pour peupler son administration. Un choix qui reposait cependant sur un malentendu : le milliardaire comptait sur une loyauté qu’il présumait aveugle, alors que pour ces derniers le service de l’Etat a toujours primé. Cette alliance de circonstance s’est achevée par un divorce.

« Il faut traiter les alliés avec respect »

Ce malentendu a été résumé par l’usage que le président a fait à ses débuts d’un surnom de James Mattis, « Mad Dog », que ce dernier n’a jamais revendiqué. Donald Trump attendait un chien de guerre à ses ordres, alors qu’il avait face à lui un érudit soucieux des équilibres du monde. Au fur et à mesure que le président a gagné en assurance, il a considéré comme de plus en plus insupportable les tentatives de ces soldats de contenir ses instincts et sa volonté de tourner le dos aux fondamentaux de la géopolitique respectés par les administrations américaines précédentes.