Le Monde
Les sénateurs américains ont suspendu samedi 22 décembre les discussions pour obtenir un compromis budgétaire qui mettrait fin à la fermeture partielle des administrations fédérales. Le « shutdown » de l’administration se poursuivra donc au minimum jusqu’après la période de Noël, les sessions au Congrès ne devant reprendre que le 27 décembre.
En attendant, de nombreux ministères et agences gouvernementales ont fermé leurs portes samedi matin, laissant environ 800 000 fonctionnaires en congé sans solde ou, pour les services jugés essentiels, forcés de travailler sans être payés alors que la période des fêtes bat son plein.
« Je suis heureux que des discussions productives se poursuivent », a expliqué le chef de la majorité sénatoriale Mitch McConnell. « Quand ces négociations produiront une solution acceptable par toutes les parties – ce qui veut dire 60 votes au Sénat, une majorité à la Chambre et une signature présidentielle – alors nous la présenterons en séance », a-t-il ajouté.
Promesse de campagne
Principal point de frictions : le financement d’un mur à la frontière mexicaine voulu par Donald Trump. Le président américain réclame que le budget de fonctionnement d’une partie de l’administration intègre cinq milliards de dollars qui seraient consacrés à ce qui constitue l’un de ses principaux engagements de campagne, ce que refuse catégoriquement l’opposition démocrate. Elle propose en revanche une allocation de 1,3 milliard de dollars pour l’amélioration de la sécurité aux frontières.
« Nous négocions avec les démocrates sur la sécurité aux frontières dont nous avons absolument besoin (gangs, drogues, trafic d’êtres humains et plus) mais ça pourrait durer longtemps », avait prévenu en fin de matinée le président américain, qui a différé son départ en vacances en Floride. Mais le patron des sénateurs démocrates Chuck Schumer rend l’occupant de la Maison Blanche responsable de la situation. « Si vous voulez ouvrir le gouvernement, abandonnez le mur, purement et simplement », a-t-il dit, fustigeant une barrière « chère, inefficace, dont la majorité des Américains ne veulent pas ».
Avec seulement 51 sièges sur 100 au Sénat, les républicains ne disposent pas des 60 voix nécessaires pour l’adoption d’une loi budgétaire. Et ils ne peuvent pas compter sur un appui des démocrates. Le temps presse pour le président car les démocrates reprendront en janvier les commandes de la Chambre des représentants, où ils ont obtenu une majorité de sièges après leur victoire électorale en novembre.
Troisième « shutdown » en un an
Ce blocage budgétaire est le troisième de l’année, après janvier (trois jours) et février (quelques heures), déjà à cause de la question migratoire. Il affecte des ministères importants comme la sécurité intérieure, la justice, le commerce, les transports, le trésor ou l’intérieur, qui gère les parcs nationaux très visités pendant les fêtes, comme le Grand Canyon. La Statue de la Liberté doit toutefois rester ouverte au public grâce au financement de ses opérations par l’Etat de New York.
Ce « shutdown » intervient dans un contexte tendu avec l’annonce présidentielle du retrait des troupes américaines de Syrie. Cette décision a provoqué les démissions du ministre de la défense Jim Mattis et de l’émissaire pour la coalition internationale antijihadistes Brett McGurk.
Le principal syndicat de fonctionnaires, l’AFGE, a fustigé un blocage « honteux, inacceptable et un gaspillage tout à fait évitable des dollars des contribuables ». Pour Hank Johnson, élu démocrate de Géorgie, le shutdown affecte les fonctionnaires qui « méritent de pouvoir payer leur loyer, payer des cadeaux de Noël et manger ».