Philippe Jacqué – Le Monde
Il aura fallu quatre heures de réunion pour sceller son sort. Tard, jeudi 22 novembre à Yokohama, au sud de Tokyo, les sept administrateurs de Nissan ont décidé, à l’unanimité, de démettre Carlos Ghosn de sa fonction de président non exécutif du constructeur nippon pour des « faits graves confirmés ». Le « board » a également décidé d’écarter le directeur délégué Greg Kelly, l’un des proches du désormais ancien patron du constructeur.
Alors que la presse spéculait sur un vote serré pour arriver à une telle décision, Hiroto Saikawa, le directeur général et président de la séance, a su convaincre non seulement les administrateurs japonais, mais également les deux membres nommés par Renault, les Français Bernard Rey et Jean-Baptiste Duzan, participant à la réunion par vidéoconférence.
Les faits reprochés aux deux dirigeants, qui leur valent d’être retenus en garde à vue dans un centre pénitentiaire de Tokyo pour au moins dix jours, ont été jugés crédibles. Au-delà d’une minoration des revenus de M. Ghosn sur huit ans, et non cinq ans évoqué initialement, M. Ghosn et M. Kelly auraient utilisé de manière frauduleuse des fonds d’investissement et des notes de frais à des fins personnelles.
Selon la presse nippone, Nissan aurait acheté et rénové des résidences luxueuses à Rio et à Beyrouth grâce à des filiales installées dans des paradis fiscaux pour les mettre à disposition de son président. Dernièrement, la presse japonaise a évoqué le fait que la propre sœur de M. Ghosn serait rémunérée depuis 2002 à hauteur de 100 000 dollars par an (environ 88 000 euros) pour un rôle de « conseiller » du président, contre aucun travail réel.